Le chirurgien Genessier souhaite remodeler le visage de sa fille Christiane, rendue méconnaissable suite à un accident de voiture, mais pour cela il doit effectuer des greffes de peau qu'il aura
prélevée sur des jeunes filles.
Franju, formidable alchimiste du réel et du fantastique, a façonné au scalpel un pur film d'épouvante, d'une poésie folle. Pas de monstres sanguinolents, mais des objets scintillants, des outils tranchants, des paysages inquiétants. Une réalité ordinaire transfigurée, avec la précieuse collaboration du chef opérateur, Eugène Schufftan. On glisse dans un climat étrange où la netteté des traits, le noir et blanc soyeux et les gestes minutieux des personnages impassibles concourent à créer l'angoisse. Ce qui fait peur, c'est la lenteur, le silence clinique, la sensation tactile du corps. Dans cet univers obsessionnel et macabre, l'amour est atroce, la pureté inhumaine, la folie extrêmement calme. Cauchemar sans cri, presque muet mais très sonore, Les Yeux sans visage opère à vif, en laissant de magnifiques cicatrices.
Télérama / par Jacques Morice