A la mort de son père, Daniele Incalcaterra a hérité de 5.000 hectares de terres dans l’un des derniers espaces du monde à conquérir : le Chaco paraguayen.Le Chaco est à la fois cette dernière terre vierge où l’on aurait l’espoir d’écrire une autre histoire,et en même temps ce lieu que l’on pressent tragique, où risque de se rejouer un western classique avec l’aboutissement de la conquête de l’Ouest : une nature sauvage à dompter, une terre à coloniser, des richesses à exploiter, des Indiens à exterminer.
Daniele Incalcaterra a pris la décision de restituer ses 5000 hectares aux Indiens qui vivent depuis toujours sur ce territoire.Ses voisins - compagnies pétrolières, cultivateurs de soja transgénique et éleveurs de bétail - qui défrichent la forêt, ne semblent pas très favorables à cette idée…
Remarquable de maîtrise, mêlant clarté du propos et suspense du récit, ce documentaire porté par quelques personnages (...) se regarde comme un western contemporain. Ce qui ne l’empêche pas
d’illustrer avec force les enjeux d’un combat inégal et exemplaire.
La Croix
Soustraire ce lopin de terre à la frénésie consumériste du monde est un défi que Daniele Incalcaterra relève avec une opiniâtreté émouvante. Cette quête territoriale nous émeut par les débats
qu'elle soulève.
Positif
Encombrant héritage
Dans le Chaco, Far-West paraguayen où les criminels prospèrent pour le malheur des autochtones et de la faune sauvage, Daniele, Don Quichotte devant l’injustice, apprend à composer avec les
coutumes locales : les routes barrées par des gardes lourdement armés, la redoutable bonhomie du mafieux Favero et les indémêlables imbroglios administratifs. L’accompagnant dans ce jeu de pistes
qui tient moins de la quête mystique d’un Aguirre que d’une leçon d’histoire caustique sur l’héritage empoisonné du colonialisme et de la dictature paraguayenne, la caméra de Fausta Quattrini
offre une présence amicale, tandis qu’en voix-off, Daniele narre les rebondissements de son aventure kafkaïenne dans les méandres administratifs et politiques de l’histoire paraguayenne.
Le cinéaste en utopiste
Sans jamais se perdre dans les multiples directions ébauchées par le film, ni verser dans la complaisance d’une croisade écolo-humanitaire, le montage accuse la grossièreté des ruses ubuesques
qui ont valeur de lois dans une région où tout argent est bon à prendre. À cette féroce compétition, Daniele oppose son humilité et un sens de l’humour à toute épreuve. Comme un pied de nez à ses
féroces adversaires, il décide de transformer sa concession en une réserve naturelle, un jardin d’Arcadie ou la faune trouverait un petit havre de paix pour se mettre à l’abri de la déforestation
sans fin des terres alentours. C’est dans cette quête utopique que le film trouve son rythme, oubliant parfois le combat contre les géants de l’industrie agro-alimentaire ou pétrolière pour se
perdre au milieu des cactus – une végétation aussi hostile que ses habitants note Jota, philosophe – avec des nuages de papillons pour compagnons.
Critikat
L'ensemble du film a été tourné "sur le vif". Rien n'a été scénarisé d'avance, ce sont les évènements qui ont été le moteur du tournage. Daniele Incalcaterra raconte : "Les intrigues sont
étudiées avec Fausta, après le tournage : on se dit "Ok on est arrivé à ce résultat-là, qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?". S’il y a un problème de titre de propriété, il faut savoir qui est
l’autre propriétaire, comment on va faire ça… Le film est tourné à vif, en direct, et je suis l’étranger qui débarque et qui ne sait rien. Mais c’est la vérité, je ne savais rien, je savais des
choses mais pas tout le bordel qu’il y avait derrière. Aujourd’hui c’est différent, je dirais que je suis toujours l’étranger mais je suis l’étranger "persona non grata""